Comment (ne pas) partir sans trop se faire remarquer ?

Vieux moins-le-quart vivra et mourra et personne n’en saura jamais rien
SAUF QUE

Lors d’un premier enterrement, laïque et intime, furtif, des huissiers...

- Pour régler une vieille dette impayée ?

surviendront, feront retirer le cercueil de sa tombe et le cadavre du cercueil.

Ils procéderont à la confiscation du complet-veston-gilet-cravate et des souliers neufs du débiteur défaillant et...
- Pour honorer une engagement pris depuis longtemps ?
feront transférer le corps à l'atelier de découpe de la Faculté de médecine de l'Université libre de Bruxelles.

Plus tard, lors d’une cérémonie de rattrapage, organisée dans une église par des amis félons ou des notables récupérateurs, un incendie crapuleux se déclarera opportunément dans la sacristie de l'établissement.

Le bedeau-garde du corps harponnera la cercueil de l'artiste avec son hallebarde ou l'attrapera par les pieds et le tirera vers la sortie sous les applaudissements, les sifflets et les huées d'un public déchaîné 
La salle sera évacuée et la cérémonie se poursuivra, vaille que vaille, au comptoir d'un café des environs.

On aura donc évité de peu la crémation mais...
- Les fêtards se rassureront !
matanga ekozala. Sans huissiers, ni curés. On pourra même danser devant le miroir de la salle  à manger.

Ma voisine, Fatma Karali

  

Une petite sœur naîtra  en Belgique et...

-  Comme moi !

grandira à Nassogne et...

-  Comme moi !

habitera la rue de Coumont où...

- Elle, dans la descente, au n° 19A (face à la rue Saint-Monon, pas loin de l'ancienne boucherie Leysen qui deviendra un salon de coiffure, non ?) et moi un peu plus haut, au n° 33 (près de la place de l'ancienne boulangerie et de la rue Adrien de Prémorel, juste après la chapelle, non ? )

je ne la croiserai jamais.

Je la découvrirai, vingt ou trente ans trop tard, en lisant Le Soir du samedi 18 et du dimanche 19 février 2017, dans un article intitulé « Marre des clichés sur les femmes musulmanes soumises » 

Elle sera Nassognarde. Elle s'appellera Fatma Karali. Elle aimera... 
- Tout pour me plaire, quoi !

le jazz et Angela Davis.

Je la chercherai sur Google et lui trouverai un numéro de téléphone que…

- Pour lui dire quoi ?

- Bonjour, voisine !

j’appellerai sans succès.

La mort du faisan de Djuna sera un non-événement

Un faisan percutera un train. Le train s’en sortira indemne. Le faisan…

- S’agira-t-il d’un SDF ou d’un migrant, d’une espèce menacée ou d’une espèce exotique envahissante ?

décèdera à l’arrivée de Djuna et des secours aussitôt dépêchés sur les lieux de l'accident

La circulation ferroviaire ne sera pas interrompue et un service de bus ne sera pas mis en place pour transporter les passagers.

Le désespéré ne sera pas* comestible et ne sera pas** mangé.

*  Pas comestible ? Alors même que le virus H5N8 sera censé ne pas résister à l’effet neutralisant du tractus gastro-intestinal humain ?

** Pas mangé ? Djuna, l'effronté 

- Trop têtu ou trop affamé ?
me contredira...  oh !

Amida Shatur... les galipettes et les banquets de prédateurs perturbés par des soulèvements populaires

En République démocratique du Congo sera organisé un grand banquet des prédateurs au cours duquel les différentes factions du groupe social qui se sera approprié la chose publique s'entredéchiront férocement et rechigneront à partager leurs proies.

Pendant ce temps-là, Jean-Bedel Mpiana (alias Papa Chéri) et Didi Kinuani (alias le « Fils du Bandundu », l’« Homme sans concurrent », le « Maître de tous les diamantaires » , le « Boss des Boss », l’ « Ami des Super Puissants Américains », l’ « Homme du moment », l’ « Humaniste dans le vrai sens du mot  », le « Bienfaiteur des malades, des éprouvés et des creuseurs » et, par ailleurs fervent supporter de Werrason) se feront doubler par Vital Kamerhe et Amida Shatur pourra même rêver
- Akozela trop ! 

de devenir la première dame du pays ?

En République démocratique du Congo, les proies (les classes populaires, paupérisées, délaissées et pressurées) (à Kinshasa, à Goma, à Lubumbashi et partout ailleurs) (dans les Kasaï, dans les Kivu, au Congo central et partout ailleurs) (les hommes, les femmes et les enfants) (les citadins et les villageois, les travailleurs et les chômeurs, les élèves et les étudiants, bango nionso) n’arrêteront pas de se soulever, se réapproprieront l'information et manifesteront bruyamment leur volonté de changement tandis que la dictature en place ne pourra jamais faire taire, emprisonner et massacrer tous les protestataires et tous les résistants.

Héros, saints et martyrs du colonialisme et de ses produits dérivés

Héros, saints et martyrs à honorer ?

Alexandre Burnes, « humaniste soucieux de l‘émancipation des indigènes » sera « déchiqueté par une foule hystérique » (comprenant beaucoup de maris et de pères de femmes afghanes avec lesquelles Burnes aura couché), à Kaboul en 1841.

Gordon Pacha (qui « aimera profondément les Soudanais ») et Emin Pacha (qui rencontrera Stanley à Bagamoyo… et se blessera « en tombant d'une fenêtre qu'il aura prise pour un accès à un balcon »)  mourront respectivement à Khartoum et à Kinena, en 1885 et en 1892.

Officier de la colonne Dhanis, l’« intrépide lieutenant de Heusch » (dont je voudrai bien croire qu’il n'aura jamais été le géniteur du père de l'arrière-grand-mère de mes petits-enfants) sera cadavéré dans l’assaut d’Ogella, en 1889.

L'année suivante, en 1890, Jozef Teodor Korzeniowski aura plus de chance : recommandé auprès d' Albert Thijs, administrateur de la Compagnie du Commerce et de l'Industrie du Congo et engagé pour 3 ans comme capitaine de steamer sur le fleuve Congo, il n'effectuera jamais qu'un seul voyage aller-retour entre  le Stanley-Pool et le poste colonial (qui deviendra la future ville de Kisangani) établi par Stanley en 1883 à proximité des chutes Boyoma. Après cet unique voyage au Congo,  Jozef Teodor Korzeniowski sera rapatrié en Europe pour dysenterie... et deviendra Joseph Conrad, l'auteur de Heart of Darkness.

Parti, sur les traces de Prosper Odenhal et Henri Maître (tués respectivement en 1904 et en 1914), explorer la voie royale avec des intentions crapuleuses... André Malraux, le pillard et trafiquant d'objets d'art volés, réussira à se tirer des flûtes : il échappera à la colère des Jarai... et, avec le soutien de tous les "grands intellectuels" de l'époque (Marcel Arland, Louis Aragon, André Breton, François Mauriac, André Gide, Max Jacob, etc), à la prison... Il obtiendra même le premier prix Interallié en 1930.

Quelques années plus tôt, Arthur Rimbaud, mercenaire, trafiquant d'armes et commerçant de traite, échappera lui aussi à l'héroïsme, à la sainteté et au martyr : il mourra dans un lit d’hôpital à Marseille, en 1891.

A Kilamba, chez les Pende, la tête de l’agent territorial Balot (qui prendra le parti d'un certain Collignon, agent de la Compagnie du Kasaï, contre le nommé Matemo, ancien travailleur CK, menacera un groupe de villageois réfractaires, tirera sur Matemo et...
- Comme aux Kasaï, en février 2017 ?  
donnera à ses hommes l'ordre de mitrailler ces "Noirs hostiles") sera coupée et son corps dépecé et partagé, en juin 1931... tandis que Matemo prendra la tête de la révolte et se fera appeler "Mundele Fundji".

Serons-nous bientôt, un peu partout, dans les campagnes et dans les villes de la République démocratique du Congo, amenés à "honorer" des chefs de bande, pillards, violeurs et assassins de la nouvelle Force publique congolaise (composée de soldats des FARDC et de la GR, de policiers et d'agents de l'ANR) qui auront à affronter des révoltes populaires violentes et deviendront des héros, des saints et des martyrs de la dictature ?